Portraits socio-démographique des participants

Les chercheurs estiment que 3% de la population masculine dans le monde est homosexuelle. Le pourcentage d’homosexuels est plus élevé dans les villes car de nombreux jeunes gays s’y installent à l’âge adulte pour avoir une meilleure vie sociale et réduire les risques de discrimination. Le portrait socio-démographique des participants à nos enquêtes présente une population majoritairement de jeunes adultes au bénéfice de formation supérieure à la moyenne suisse. Selon les connaissances sur les déterminants de la santé, ils devraient être en meilleure santé que la population générale. Or, ce n’est pas le cas, ce qui indique des vulnérabilités de santé particulières.

L’âge joue un rôle important dans la santé. Les risques de santé sont différents à différents âges. Il y a des maladies qui sont typiques de l’enfance et d’autres qui touchent davantage les personnes âgées. Les hommes gays et bisexuels entre 20 et 44 ans sont largement surreprésentés dans nos enquêtes. C’est une conséquence logique de la méthode d’échantillonnage que nous avons utilisée, les participants ayant été recrutés dans les lieux de la « scène gay ». Si les jeunes entre 15 et 24 ans sont bien représentés, ce n’est pas le cas des personnes de plus de 50 ans qui fréquentent moins les lieux de rencontre et vivent encore souvent secrètement leur homosexualité. Les hommes entre 20 et 40 ans sont dans des groupes d’âge qui sont généralement en très bonne santé. Ce n’est pas le cas d’une partie importante des hommes gays.

Il vaut mieux, dit la sagesse populaire, être jeune, riche et en bonne santé que pauvre, vieux et malade. Les experts de la santé parlent eux des déterminants sociaux de la santé et savent que des éléments comme le statut social, la pauvreté et le niveau de formation jouent un rôle très important pour la santé. Le nombre de participants au bénéfice d’une formation supérieure (hautes écoles, universités) est beaucoup plus élevé que dans la population suisse. Le canton de Genève a une proportion plus importante d’habitants ayant une formation universitaire mais c’est également un biais que l’on retrouve dans la majorité des enquêtes sur les hommes gays dans le monde. On peut émettre l’hypothèse que les lieux de la scène gay sont principalement fréquentés par des hommes de la classe moyenne de la communauté.

Le canton de Genève est ceinturé par le canton de Vaud et deux départements français, l’Ain et la Haute Savoie.  De nombreux résidents français et vaudois viennent travailler à Genève et y passent leur temps libre. De nombreux gays de Genève fréquentent également des établissements gays à Lausanne, la capitale du canton de Vaud. Des établissements gays de Lausanne ont été choisis dans nos enquêtes pour le recrutement. Cette situation particulière est bien reflétée dans le graphique. Les résultats de nos recherches reflètent donc la santé des hommes gays de Genève et de l’arc lémanique.

Près de 60% des hommes gays vivent dans une grande ville. De nombreux jeunes gays s’établissent dans une ville à l’âge adulte afin de bénéficier des lieux de rencontre, d’un plus grand réseau social et d’un plus grand anonymat.

Genève est un canton international avec une importante population étrangère (env. 40% de la population). Dans les enquêtes, 32 nationalités étaient représentées et 36% des participants étaient d’origine étrangère. Les plus grands groupes de nationalité étrangère étaient les Français (17.6%) et les Italiens (6.5%), ce qui correspond au deuxième et au troisième groupe d’étrangers les plus représentés à Genève après les Portugais.

Près de 60% des hommes gays et bisexuels vivent seuls et moins de 20% habitent avec un partenaire masculin. Si vivre avec son partenaire n’est pas forcément la meilleure solution pour construire une relation durable, vivre seul comprend des risques importants pour sa santé physique et psychique, en particulier en cas de maladie ou d’accident. Vivre seul peut également rendre plus difficile le contrôle de comportements addictifs comme la consommation de tabac, d’alcool, d’autre drogues ou la cyberdépendance.

Bien qu’ils bénéficient d’un niveau d’éducation plus élevés, le pourcentage de cadre (28%) est presque le même que dans le reste de la Suisse.

Bien que les salaires à Genève soient parmi les plus élevés de Suisse, la médiane des salaires des hommes gays et bisexuels (5’000 CHF/mois) est inférieure à celle des hommes en Suisse (5’500 CHF/mois) en 2002.

Pour participer aux enquêtes, les hommes recrutés devaient se définir comme gay, homosexuel, bisexuel ou avoir des relations sexuelles avec des hommes. Questionnés sur leur orientation sexuelle, les participants se sont définis ainsi. Le 1% de participants se considérant comme hétérosexuels font vraisemblablement partie du groupe des hommes qui ont du sexe avec des hommes (HSH) tout en ne se reconnaissant pas comme gay ou bisexuel.